De bonnes fêtes de Roch Hachana en famille !
J’ai fait ma Techouva en 5742 (1982) lorsque ma fille âgée de 10 ans fit son entrée à l’école Beth Rivka de Yerres. Grâce à D.ieu, elle immédiatement passionnée par la Torah et les Mitsvot. Elle découvrait alors un monde nouveau, car jusqu’alors, nous étions des Juifs traditionnels, mais pratiquions toutes les fêtes. Quelques mois avant son anniversaire, en 1984, ma fille m’informa de son désir profond de se rendre chez le Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h. Elle me dit : « Maman, au lieu de me faire une grande fête pour ma Bat Mitsva dans une salle comme pour mon frère, je veux aller à New York ». Bat Mitsva ?! Je restais surprise de ce terme inconnu pour moi.
« C’est quoi ça la Bat Mitsva ? – Et bien c’est la Bar Mitsva des filles ! Et bien, on va organiser ça ma fille ! ». A ce moment-là, je n’avais aucune idée de la grandeur du Rabbi, un nom qui raisonnait souvent chez nous, depuis l’entrée de ma fille dans cette institution.
Par ce même voyage, je pourrais assister à Youd Chevat, date importante du calendrier Loubavitch. Une année auparavant, un drame se jouait dans la vie de ma sœur. Accusée à tord d’un acte qu’il n’avait pas commis, mon beau-frère fut alors incarcéré dans une maison d’arrêt de la région parisienne.
Je devais me rendre à l’agence afin d’acheter mes billets, c’est alors que ma sœur me fit part de son envie de nous accompagner dans ce voyage en disant : « Ce Rabbi qui accompli tant de miracles et s’il me bénissait ? …Sa foi avait toujours été plus forte que la mienne. Durant ce long voyage, ma fille ne cessa de faire des psaumes qu’elle adressait à D.ieu et au Rabbi pour la libération de son oncle. Ma sœur lui demanda alors d’écrire une lettre à son intention afin de lui expliquer sa situation et de demander une bénédiction. Ce que fit ma fille avec les termes de respect que nous ne connaissions pas (« Li’hvod Kevod Kedouchat… »).
Nous sommes enfin arrivés à destination dans ce Brooklyn si légendaire. Un accueil chaleureux nous fut réservé par une émissaire du Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h, Madame Bitton, elle nous rassura et nous donna quelques conseils. En premier lieu, de nous reposer quelques heures à cause du décalage horaire, et ensuite de nous rendre au 770 afin de remettre notre courrier au secrétariat.
A notre réveil notre hôtesse nous prépara un bon déjeuner et nous indiqua la route du 770. Une quinzaine de minutes à pied. Soudain, je m’interrogeais : « Comment au milieu de centaines de lettres, le Rabbi pouvait deviner que la mienne, tout du moins celle de ma sœur avait une importance capitale pour nous ? ». Je demandais à ma sœur de rejoindre le 770 tandis que je me rendrais à la maison du Rabbi. D’après notre hôtesse, Judith, une limousine arrivait à 9h45 précises, le Rabbi était ensuite conduit à la synagogue afin de distribuer des pièces aux enfants pour la charité.
Il devait être 9h 30 lorsque je m’approchais de la maison du Rabbi, espérant apercevoir la Rabbanite, son épouse. Il y avait des rideaux à petit carreaux, j’avançais ma main vers la Mézouza pour l’embrasser. Tellement heureuse de pouvoir expliquer au Rabbi ce problème qui touchait ma sœur.
Un passant m’interpella et me fit comprendre que ce n’était pas la coutume de venir devant la maison du Rabbi et que la limousine allait arriver et me fit signe de quitter les lieux : « Toutes vos demandes doivent être adressées au secrétariat et le Rabbi en prendra connaissance, m’informa-t-il. L’homme passa son chemin et je fis quelques pas en arrière, mais ne pus retenir une impulsion et je revins alors que la limousine arrivait. Soudain, je vis arriver le Rabbi et fut éblouie par la lumière qui émanait de lui. Quelle insolence de ma part ! J’osais lui parler, lorsque le Rabbi se dirigea vers la limousine, je croisais son regard d’un bleu infini et… restais figée. Le Rabbi échangea quelques paroles en yiddish avec le chauffeur qui lui ouvrit la portière afin qu’il prenne place. Le chauffeur du Rabbi m’ordonna de quitter les lieux et de rejoindre le 770 en m’annonçant : « Le Rabbi a bien reçu les psaumes de votre fille qu’elle a dit dans l’avion ».
Puis, la voiture démarra me laissant abasourdie et tremblante d’émotions. Je compris alors quelque peu la dimension du Rabbi. J’eus du mal à reprendre mon souffle pour rejoindre le 770 et retrouver ma famille. Milles pensées m’assaillirent durant le chemin et je me promis que le premier achat que je ferais après la remise des dollars de bénédiction, serait une perruque. Puis vint le moment tant attendu où nous allions recevoir de la main du Rabbi le fameux dollar de bénédiction. Je souhaitais une bénédiction pour mon mari afin qu’il se renforce dans l’étude, mais je n’osais pas ouvrir la bouche.
Lorsque vint mon tour, le Rabbi tenait dans sa main trois dollars qu’il me tendit en trois fois. « Limoud, limoud, limoud, (L’étude, l’étude, l’étude)… » je croisais de nouveau le regard du Rabbi, j’étais sur le point de défaillir. Ma fille eut droit à un merveilleux sourire accompagné du dollar : « Bénédiction et réussite » car ma fille étudiait avec concentration et faisait l’admiration de ses professeurs.
Puis vint le tour de ma sœur. Il y eut un échange particulier entre ma sœur et le Rabbi suivi d’un instant de silence. Des mots qui nous surprirent au plus haut point, prononcés avec assurance et douceur : « De bonnes fêtes de Roch Hachana en famille » .Sur le moment, ma sœur ne saisit pas le sens de la phrase, et moi non plus ! Mais quelques temps après, vint la révélation.
Ces quelques jours passés à Brooklyn furent inoubliables ainsi que le Chabbat passé avec la dame qui nous avait reçus, puis la Bat Mitsva célébrée au 770. C’est avec regrets que nous quittâmes New-York, mais remplies de forces spirituelles. Moi fière de ma perruque pour rentrer à Brunoy, et le cœur de ma sœur apaisée, espérant en la bénédiction du Rabbi.
Le jour de Roch Hachana, ma sœur eut le bonheur de revoir son mari de retour de la maison d’arrêt et libéré. Son innocence a pu être prouvée.
Merci Hachem, Merci au Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h !