Le Cohen Gadol (Interview de mon Rav, le Rav Pin’has Pachter HaCohen)
Il est reconnu comme le détonateur du grand mouvement de Techouva (retour à D.ieu) en France et plus particulièrement à Paris. Cette semaine, l’équipe du Point sur la Guéoula a rencontré le Chalia’h français, Rav Pin’has Pachter, représentant du Rabbi de Loubavitch Mele’h HaMachia’h Chlita dans l’hexagone depuis 1966 (5726).
Le Point sur la Guéoula : Le’haïm, Le’haïm ! Rav Pin’has, racontez-nous votre découverte du mouvement Loubavitch et plus particulièrement du Rabbi.
Rav Pin’has Pachter : Le’haïm ! Je suis un enfant de Paris. J’ai grandi dans le Paris de l’après-guerre. J’ai fait des études classiques, aussi bien dans le profane que dans le Judaïsme. Après avoir suivi le cursus scolaire de l’école Yavné, qui venait tout juste d’ouvrir ses portes, j’y ai passé mon bac. Puis j’ai suivi les cours de la seule Yéchiva à Paris, la « Yéchiva Urbaine », située rue Cadet. Elle était dirigée par le Rav Elie Munk. J’ai eu comme maîtres le Rav Yaacov Kohn (devenu par la suite Roch Collel à Marseille), le Rav Aharon Weistheim, qui venait d’arriver d’Angleterre, le docteur Charles Merzbach…
Par la suite, j’ai fait la connaissance d’un ‘hassid, un homme extraordinaire, qui venait d’arriver de la Terre d’Israël, un certain Rav Tsvi Leïb Lewin. C’était un homme plein de chaleur, dont la tradition ancestrale venait de la ville de Nével (dans la région de Pskov en Russie), une célèbre ville qui a donné des génération de ‘hassidei ‘Habad. Il avait servi le Rabbi, roi Machia’h, au Maroc, il avait aidé à fonder Kfar ‘Habad et il est venu à Paris pour être ‘Hazan et Cho’het. Il m’a initié aux coutumes ‘Habad et m’a présenté à ses amis qui venaient d’emménager à Aubervilliers, où vivaient à l’époque une quinzaine de familles de ‘hassidim.
Puis, j’ai connu la Yéchiva de Brunoy, j’ai commencé à y suivre les cours. Je me suis marié. Et j’ai connu celui qui allait devenir mon maître, le Rav Leib Edelmann. J’ai étudié chez lui pendant dix ans. Il était le beau-père du Rav Hillel Pewzner, et avait lui-même étudié à la première Yéchiva Tom’heï Tmimim, fondée par le Rabbi Chalom Dov Ber de Loubavitch. J’y eus le privilège d’entendre, en première main, des enseignements et des témoignages, puisés aux sources de la ‘Hassidout.
Parallèlement, j’avais ouvert « le Groupe de Jeunesse ‘Habad » de la rue Duc (Paris 18eme), dans une synagogue qui avait été fondée par mon arrière grand-père, et où mon grand-père priait avant sa déportation. J’ai redonné vie à cet endroit, qui était en train de péricliter, sur les directives du Rabbi, roi Machia’h. De nombreux jeunes de cette époque (les années 60-70) y venaient suivre les cours, assoiffés qu’ils étaient de vérité, et en quelques années, ce quartier connut une véritable renaissance, car les jeunes couples qui y fondaient leur foyer décidaient de venir s’y installer. Cette floraison attira assez vite d’autres responsables, qui envisagèrent à ce moment d’y ouvrir des écoles, une implantation qui subsiste encore aujourd’hui !
LPSG : Vous avez vécu de grands moments dans vos rencontres avec le Rabbi Chlita Mele’h HaMachia’h. Voulez-vous partager avec nous quelques uns de ces moments d’exception ?
RP : Mon premier voyage chez le Rabbi a eu lieu en 1966-5726. Mes maîtres m’avaient parlé du Rabbi, mais je n’avais pas encore réellement conscience (malgré l’étude de ses enseignements) de sa dimension de Machia’h de notre génération.
Je voyageais par la suite régulièrement avec des groupes chez le Rabbi, alors qu’il me donnait conseils et bénédictions pour gérer cette Communauté de la manière la plus adéquate. Il m’a aussi demandé de faire plus de publicité.
Au tout début de ma mission, le Rabbi m’a conseillé de donner des conférences, en particulier, un cycle de conférences qu’on m’avait proposé au Centre Communautaire du Boulevard Poissonnière, un Centre au cœur des événements. C’est là qu’avait enseigné Manitou (le Rav Léon Achkénazi), avant de monter en Eretz Israël… Avant de partir, il m’avait dit : « Je laisse le Centre entre de bonnes mains ».
Le directeur, M. Elalouf, m’a durant tout ce temps, été d’un précieux concours. Le Rabbi m’avait dit, lors d’une audience privée: « Vous aurez un grand, un extraordinaire succès ». Et en effet, pendant 25 ans, de novembre 1968 à Juin 1993, il y avait « la Conférence » du mercredi soir. Le Rabbi m’avait demandé de parler en développant et en approfondissant tous les thèmes de la vie juive, de manière simple, profonde et également ésotérique… Et pendant 25 ans, la salle ne désemplissait pas, puisqu’il s’y trouvait chaque semaine entre 80 et 120 personnes.
LPSG : Vous avez travaillé avec le Rav Chmouël Azimov, comment cela a t-il commencé ?
RP : A cette époque le groupe ‘Habad de la rue Duc a fusionné avec celui du Rav Azimov, qui étudiait à l’époque à la Yéchiva de Brunoy, et s’occupait, lui aussi, de jeunes qu’il rapprochait de la Torah et des Mitsvoth. Puis en 1972-5732, il y a eu une scission dans le groupe, et le Rav Azimov a commencé à travailler de son côté. Tout cela s’est passé avec l’accord du Rabbi qui m’a demandé (ainsi que par une directive écrite) de fonder quelque chose de distinct.
C’est donc à ce moment que j’ai formé le Centre d’Etude « Hadar HaTorah » à la rue Duc. Un centre informel d’étude pour les jeunes qui avaient fait des études poussées, pour d’autres qui n’avaient pas suivi le cursus classique. On pouvait y rencontrer des jeunes de tous bords, certains avaient eu contact avec la drogue, d’autres venaient du mouvement hippie.
Il y avait aussi ceux qui cherchaient simplement à enrichir leur connaissance du Judaïsme. Il y avait même des professeurs d’université. Aujourd’hui, un bon pourcentage des cadres du mouvement Beth-Loubavitch sont des anciens du groupe de la rue Duc…
J’ai eu le privilège de lancer le premier Tank des Mitsvoth dans les rues de Paris, la première Soucca-mobile (lors de la fête de Souccot). J’ai lancé des cours à Paris, ainsi qu’en banlieue. Il y avait aussi des séminaires d’été… les premiers en France. J’ai reçu en tout cinquante lettres personnelles et communautaires de la main du Rabbi, roi Machia’h.
Des groupes de plus de cinquante personnes partaient avec moi chez le Rabbi, et je parvenais toujours à les placer dans les familles locales. Lorsque nous repartions, le Rabbi nous accompagnait, nous demandait de danser devant le 770, il nous disait « au-revoir », et se réjouissait de nous voir. Il nous accompagnait même sur une petite distance de trottoir, pendant que démarrait le bus qui devait nous emmener à l’aéroport.
En 1976, j’ai eu une Yé’hidout, un entretien privé, qui a duré cinquante cinq minutes. Le Rabbi m’a dit : « vous devez savoir que, non seulement Loubavitch n’est pas jaloux de la concurrence, mais que Loubavitch souhaite être copié et imité. C’est vrai que nous avons lancé les « Mivtsaïm (Campagnes des Mitsvoth) », mais vous verrez que tout le monde va se mettre à faire des Mivtsaïm. Vous allez voir que le Consistoire va faire des Mivtsaïm. Vous allez voir que Rav Chouchena va faire des Mivtsaïm. Vous verrez que Rav Rottenberg et Rav Guggenheim vont faire des Mivtsaïm. Ne vous inquiétez pas, car le mouvement est lancé. Et c’est cela que nous souhaitons ».
Alors, quand il y avait des réunions ‘hassidiques (des Farbrenguens), des fêtes publiques, j’invitais le Rav Rottenberg (le Rouv), ainsi que d’autres Rabbanim orthodoxes. J’étais aussi en rapport avec le Rav Frankforter, et le regretté Rabbin Gottlieb, qui avaient étudié avec moi dans notre jeunesse.
Le Rav Rottenberg m’avait confié un jour qu’’il avait eu son ordination rabbinique, grâce au fait qu’il avait étudié le Choul’han-Arou’h (code de lois Juif) de l’Admour Hazaken (le fondateur de ‘Habad).
LPSG : Quels sont vos souvenirs de la Marseillaise transformée, puis de la France transformée ?
RP : En 1974-5734, le Rabbi a lancé le chant-poème de « Haaderet Vehaémouna » sur l’air de la Marseillaise, l’hymne de la France. On connaît la raison pour laquelle il a lancé ce chant, puisqu’il l’expliqua lui-même : pour annuler toutes les forces d’opposition au Judaïsme qui étaient actives dans ce pays depuis la Révolution.
On sait que l’esprit de cette révolution était, profondément, une révolte contre D.ieu. La philosophie française avait déjà fait son travail d’expulsion du Divin de la pensée humaine. Donc, lorsque je suis arrivé à Pourim avec mon groupe au 770, le Rabbi m’a demandé de chanter « Haadéret Vehaémouna » sur l’air de la Marseillaise. Depuis le début du travail de ‘Habad en France, à l’époque des premiers Rabbis de ‘Habad, la France a été transformée. Aujourd’hui, elle n’est plus ce qu’elle était, car le meilleur des forces positives de la France a été élevé vers la Sainteté et transféré à ‘Habad.
Il ne faut pas oublier que la France, à mon époque, sortait de la Choah. La collaboration parfois passive, et souvent active des Français pendant l’Occupation allemande, avait fait de la France un terrain où s’était ancré l’antisémitisme. Alors, quand les Français ont vu arriver un Judaïsme sans complexes, ils ont dû accepter ce mouvement de masse, bon gré, mal gré. Et nous, nous avions la rue pour nous…Puis, lorsque les Juifs d’Afrique du Nord sont arrivés, eux qui n’avaient pas subi le joug français de l’antisémitisme, et qu’ils ont assisté à l’essor du groupe ‘Habad, ils ont immédiatement adhéré à cette force dynamique et positive, musclée et joyeuse.
LPSG : Quels sont vos livres, publications, cours, conférences, en bref, décrivez nous quelles sont, et quelles ont été, vos principales activités pour le public francophone ?
RP : J’ai effectivement rédigé et publié un certain nombre d’ouvrages, livres, livrets, et fascicules. Il y a même eu un magazine en 1981 portant le nom de « Torah Contact ». Il y avait des fascicules intitulés: « Un enseignement pour la semaine » basés sur les allocutions du Rabbi. Je distribuais ces brochures dans tout Paris et en banlieue. J’avais même des détracteurs. Or, le Rabbi conservait ce fascicule (j’ai reçu, à ce propos, une bénédiction écrite) et il le distribuait à ces mêmes détracteurs, lorsqu’ils lui rendaient visite…
Plusieurs livres sont en préparation. Il y a le Courrier de la Guéoula « l’hebdomadaire qui remet les pendules à l’heure », qui est diffusé depuis vingt-trois ans. Je viens de publier la traduction du « Hayom-Yom Machia’h et Guéoula (D’un jour à l’autre, le Machia’h et la Délivrance). J’ai aussi le projet de publier une bande dessinée.
LPSG : Où en sont les cours et les conférences ?
RP : Je n’ai jamais cessé ni les cours, ni les conférences, malgré mes pérégrinations. Après la fermeture de la synagogue de la rue Duc, j’ai ouvert un autre Centre, au 77 rue du Faubourg St Denis, puis il y a eu celui de la rue Monte-Cristo.
Et maintenant, je vais ouvrir, avec l’aide de D.ieu, un nouveau Beit ‘Habad, un Beit Machia’h qui va éclairer plus encore, mais la Délivrance sera déjà là, puisqu’elle se dévoile aujourd’hui-même.
LPSG : Quel est ce projet sur lequel vous travaillez depuis tant d’années, le roi Machia’h et la Délivrance ? Où cela en est il du grand dévoilement d’après vous ?
RP : Eh bien, il se trouve que cette année, nous sommes dans l’année 5779. Et c’est une année très particulière en ce qui concerne la Guéoula, la Rédemption. Pourquoi ? Parce que c’est la dernière année de la série 770 (référence à la Maison de prière et d’étude du Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h). Elle est donc très importante à ce niveau là, car après, ce sera l’année 5780.
En effet, il y a une allocution du 28 Sivan 5751-1991, dans laquelle le Rabbi explique la grandeur de l’endroit du 770, dans l’hémisphère occidental : « 770 est la valeur numérique du mot « Paratsta, tu fissureras (les frontières) ». Le chiffre 7 fait référence aux 7 Attributs qui ont présidé à la Création du monde. Et leur plénitude intervient lors de leur multiplication par 100. Ce qui nous fait 700. Ou par 10, ce qui fait 70. Et si l’on additionne les deux niveaux, on obtient 770, valeur du mot « Paratsta ». Car le véritable dépassement de toutes les limites du temps et de l’espace ne s’obtient pas en sortant des valeurs temporelles et spatiales, mais au sein et avec le concours de la plénitude du temps et de l’espace, qui est exprimé dans le nombre 770.
Or, à la relecture du texte de cette allocution, le Rabbi a mis entre parenthèses les mots « et de l’espace » : « Avec le concours de la plénitude du temps (et de l’espace) qui est exprimé dans le nombre 770 ». Ce qui équivaut à conférer un caractère accessoire à l’espace, et à réserver le caractère principal au temps. Si l’espace du 770 est bien la Maison du Rabbi, alors qu’est ce que signifie le temps du 770 ?
Il apparaît, à la lecture de ce passage, que le Rabbi désigne les années « 770 ». Et cette série qui compte dix années, de 5770 à 5779, parviennent à leur plénitude cette année en 5779. (Il est à noter que le chiffre 9 en hébreu se dit « Tesha » et la valeur numérique du mot « Tesha » est 770).
LPSG : Quel est votre projet pour activer et amener la Guéoula (la Délivrance) à être visible aux yeux de tous ?
RP : Dans l’allocution du 28 Nissan 5751-1991, le Rabbi dit : « Que D.ieu fasse qu’il y ait dix personnes, dix entêtés, convaincus qu’ils doivent amener la Guéoula. Et le Rabbi ajoute : « Et ils réussiront, car ils font partie d’un peuple entêté ».
Par conséquent, j’aurais voulu appeler ce mouvement: « les entêtés », ou «les obstinés». Voilà, j’ai l’honneur de faire partie de ce mouvement, « Les Entêtés » ! Alors vous me demandez quel est mon projet… C’est tout simplement de m’apprêter à servir dans le Temple, le Beit HaMikdach. Chaque fois que je venais chez le Rabbi, roi Machia’h, il m’appelait « HaCohen Hagadol Mé-E’hav» (le Cohen plus grand que ses frères). Alors, je l’ai pris au pied de la lettre et tout mon but aujourd’hui est de servir dans le Beit-HaMikdach…
LPSG : Merci Rav Pin’has Pachter, en souhaitant le dévoilement immédiat du Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h, ainsi que la Guéoula, et le Troisième Temple dans lequel vous allez servir, à l’instant présent, Mamach…
(Propos recueillis par l’équipe du Point sur la Guéoula)