L’épopée passionnante d’Acher ‘Haviv…
Un jeune étudiant en Yechiva de courant lituanien va vivre des changements extraordinaires dans sa vie qui vont le mener de l’obscurité vers la lumière de la ‘Hassidout. Une interview exceptionnelle sur une histoire que nous a envoyé la Divine Providence… En effet, cette semaine, en voulant lire une histoire du Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h, j’ai ouvert le livre «Lifkoa’h Eth HaEnaïm», « au hasard », et je suis tombé sur l’histoire dont le héros s’appelle Acher ‘Haviv. Son récit est réellement surprenant et j’ai voulu en savoir plus. Toujours par effet de la Providence Divine, je me souvins que je possédais son numéro de téléphone. Je l’ai contacté et l’ai interviewé pour le « Point sur la Guéoula »… Un seul mot : passionnant.
Le Point sur la Guéoula : Acher ‘Haviv, d’après vos dires, vous êtes né dans une famille à tendance lituanienne Séfarade ?
Acher ‘Haviv : Au départ ma famille, originaire de la ville de Beit Chean, était plutôt traditionaliste et j’ai étudié dans une école publique où les garçons portent une Kippa tricotée. Puis, avec le temps, le mouvement religieux est devenu plus fort et mes parents m’ont envoyé étudier dans une Yéchiva à Bnei Brak.
LPSG : Vous avez donc suivi le cursus habituel d’un étudiant en Yéchiva ?
AH : Tout à fait, Yéchiva Ketana, puis la Yéchiva Guedola à Kiryat Sefer (dans la Yechiva Ze’her Its’hak) c’est là que j’ai reçu l’enseignement lituanien réellement ashkénaze et par la suite viennent deux années d’études que l’on surnomme « Kibboutz Alef » c’est comme ce que l’on appelle chez ‘Habad la « Kvoutsa ». C’est à ce moment que l’on commence à entendre parler de « Chidou’h », la rencontre en vue du mariage.
LPSG : Comment s’est passée votre rencontre avec votre future épouse ?
AH : C’était à la fin de l’année 5757-1997. A l’époque j’étais la première personne dans la Yéchiva qui ai franchi le pas. Et nous n’étions pas au courant de la procédure habituelle, les marieuses, les enquêtes sur les propositions, les conseils. Rien de tout cela car cette Yéchiva était nouvelle… Un ami parmi les étudiants m’avait dit : « je pense, pour toi à une cousine qui te conviendrait bien ». Et on m’a organisé la rencontre à Jérusalem par l’entremise d’une marieuse. La rencontre s’est passée merveilleusement bien et on a tout de suite accroché.
Mais il y avait un obstacle, et de taille… Elle vient d’une famille ‘Habad… Lorsque c’est arrivé aux oreilles du Roch Yechiva, il a tout mis en œuvre pour me dissuader de poursuivre ce Chidou’h. Mais rien à faire, on s’entendait bien et, de plus, elle ne voulait pas d’un mode de vie ‘Habad et donc, pour moi tout était clair et logique. Néanmoins, je décidai d’en parler à l’un des Rabbins plus porté sur le ‘hassidisme que le reste des dirigeants de la Yechiva.
Ce Rav est celui qui a sauvé le Chidou’h, en effet, il a parlé au Roch Yechiva et l’a convaincu que rien de grave ne pouvait arriver du moment que ma future épouse ne voulait pas réellement suivre les coutumes ‘Habad.
LPSG : Était-ce réellement la fin de l’obstacle ?
AH : Pas du tout, mon entourage à la Yechiva était choqué de cette histoire et un jour, l’un des Rabbins m’a fait tout un stage de formation sur cette opposition haineuse au courant de pensée ‘Habad. Par la suite en discutant avec mon futur beau-père, je découvris qu’il croyait très fort en ce que le Rabbi est le Roi Machia’h. Alors là, cela devint un but pour certains de me faire cesser au plus vite ce Chidou’h.
Finalement il y a eu une enquête sur la jeune fille qui s’avéra une bonne étudiante craignant D.ieu et qui voulait prendre une voie différente de celle de ses parents. Finalement, ce mariage eut lieu. Et un ami de la belle-famille nous offrit à cette occasion une très grande photo du Rabbi…
Je lui expliquai alors que je ne faisais pas entrer ce genre de tableaux chez moi, à la maison. Mon épouse ne partageait pas mon avis et m’a dit qu’elle était tout de même attachée au Rabbi et que si je plaçais des photos de Rabbanim alors pourquoi pas celle-ci ? Elle me précisa que sinon, on se devait de ne placer aucun portrait d’aucun Rav… Dès ce moment, je devins un ennemi virulent du mouvement ‘Habad. D’un simple étudiant en Yechiva, je me transformai en un expert en Hala’ha pour contrer toutes les coutumes ‘Habad. L’histoire de cette photo fut au centre de toutes nos disputes de jeune couple…
LPSG : Où avez-vous habité lors de votre première année de mariage ?
AH : Étrangement, nous avons habité pendant notre première année à Tsfat. Puis on me contacta de la Yéchiva et on me proposa de revenir à Kiryat Sefer pour un poste d’enseignant au Talmud Torah. Au bout d’un an, ce Talmud Torah a fermé ses portes et je suis retourné étudier au Collel justement avec ce Rav. Celui-ci me nourrissait de discours haineux envers ‘Habad. Il avait grandi avec ces discours et c’était l’un des terrains qu’il connaissait le mieux. Ce fut un réel cauchemar de passer le Chabbat chez mes beaux-parents…
LPSG : La paix de votre foyer a du s’en ressentir ?
AH : Exactement. Cela m’affolait littéralement de réaliser que le mariage avec une fille de famille ‘Habad, était exactement le contraire de toute l’optique de mes chers Rabbins. Un jour, mes beaux-parents sont venus passer un Chabbat chez nous à Kiryat Sefer. Ils ont apporté avec eux le tableau du Rabbi et mon épouse l’a accroché au mur. Sur le moment, je n’ai pas voulu me disputer avec elle. Lorsque je suis allé au Collel, j’ai demandé à ce Rav, que faire dans un tel cas ? Il m’a répondu : « que cela ne pose pas de problème de couple, mais essaye discrètement de le retirer »… Dès que je suis rentré à la maison, j’ai dit à ma femme : « On enlève ce tableau ! ». Elle me répondit : « Il n’en est pas question ». Et la colère est monté en moi et une dispute s’en suivit. J’ai alors pris ce tableau, j’en ai brisé le cadre et déchiré la photo… Un Rav conseiller matrimonial a dû intervenir et a finalement calmé la situation en discutant avec nous jusqu’à très tard.
LPSG : Et par la suite, que s’est-il passé ?
AH : On s’est alors intéressé à l’achat d’un appartement à Kiryat Sefer. Un nouveau projet pour les jeunes couples très intéressant. Mais, au final, on s’est aperçu que le conseil de la ville, nous avait tout bonnement interdit d’habiter à Kiryat Sefer. Que ce soit en location ou à l’achat. J’ai fait intervenir les plus hautes personnalités pour changer cet état de fait, mais rien n’y fit. Ce fut une gifle pour moi. Le monde lituanien prenait pour moi une autre couleur.
LPSG : En quelle année tout cela a eu lieu ?
AH : En 5764-2004. Au mois d’Elloul, se terminait notre contrat de location. On est donc partis chez mes beaux-parents à Re’hovot, on a loué un garde-meubles et on a déménagé. On a habité chez eux plusieurs mois et c’est pendant cette période que tout notre destin s’est joué…
C’était au début très compliqué pour moi et je n’approchais évidemment pas la Synagogue ‘Habad. Je priai dans une Synagogue de rite lituanien. Mais au bout de quelques temps, je me sentais mal à l’aise et finalement, j’accompagnai mon beau-père le Chabbat et priai (point d’autre choix) avec les ‘Habad.
Puis, vint le mois des fêtes. Pour Roch Hachana et Yom Kippour, je suis partis à la Yechiva comme il est de coutume. Mais pour les fêtes de Souccot, on retournait à Re’hovot. Et là, ce fut pour moi comme d’entrer dans une nouvelle dimension. Tout d’abord, il y eut les danses de « Sim’hat Beit HaChoéva ». Cela avait lieu tous les jours. Et celles-ci étaient emplies d’une joie phénoménale complètement au-delà de tout ce que j’avais connu jusque là. Des orchestres très professionnels mettaient l’ambiance.
LPSG : Vous viviez une sorte de dilemme intérieur ?
AH : Oui, sans l’ombre d’un doute. Je revoyais toutes mes positions. Je constatai la manière dont les ‘hassidim ‘Habad priaient, étudiaient, leur bonté sans calculs… J’avais l’impression de ne plus être dans le vrai. Peut-être que je me suis trompé, peut-être que je passe à côté de quelque chose de magnifique ?… Mais je repoussai sans cesse toutes ces pensées.
A Souccot, mon beau-père m’avait préparé un lit pour que je puisse dormir dans la Soucca. Mais un soir, alors que je ne trouvais pas le sommeil, j’approchai de la bibliothèque de mon beau-père et je pris un livre au hasard, c’était le Likoutei Torah de l’Admour Hazaken. J’ouvris et essayai de lire quelques pages. Mais je ne compris pas un traître mot de tous ces textes…
Par contre à la Synagogue, on distribuait les Likoutei-Si’hot du Rabbi sur Rachi. Les allocutions contenaient des explications et raisonnement très élaborés pour un homme comme moi qui manipulait Rachi et les commentateurs du Talmud au quotidien. Oui, je tombai en admiration devant l’érudition du Rabbi. Cependant, vers la fin de ce texte, il y avait toujours une solution aux questions posées selon l’interprétation de la ‘Hassidout. Et ce passage, je ne le lisais pas, car, comme je l’ai dit, je ne comprenais rien.
LPSG : Que s’est-il passé cette année-là à Sim’hat Torah ?
AH : Je ne comprenais rien à l’ordre des prières, des Hakafot, les danses, les repas, tout m’était totalement étranger. Puis vinrent les danses de Sim’hat Torah. Mes pensées étaient entièrement tournées vers ces gens qui dansaient dans une ambiance de fraternité réelle et je me demandai réellement pourquoi je leur en voulais autant. Je me sens tellement bien en leur compagnie.
Soudain, lors d’une danse, l’un des ‘hassidim me donna un « Le’haïm », un verre de vodka et là, en tournant et tout en dansant, je sentis que l’on me prenait la main… C’était le Rabbi lui-même qui me souriait largement. Il me transférait une vitalité et de l’énergie positive. Je sentis alors qu’il confirmait par cela toutes mes bonnes pensées sur ‘Habad. Ce fut un moment en-dehors du temps…
En fait, il ne s’était écoulé que quelques minutes. Tout cela était certainement dû à la vodka, aux danses, et d’un coup je réalisais que concrètement, le Rabbi s’était dévoilé à moi… Mais là, je refermais vite cet épisode au plus profond de moi et ne soufflais mot à personne, de tout cela, même pas à mon épouse.
LPSG : Au lendemain de la fête de Souccot que s’est-il passé ?
AH : A la suite du mois de Tichri, on devait recommencer une nouvelle vie, un nouvel appartement, une autre ville. Et là nous avons émigré, de nouveau, à Tsfat. Au bout de quelques mois, je me posai toujours la même question. Etre un ‘hassid ‘Habad ou pas ?
Mon épouse a un oncle qui habite à Tsfat, un ‘hassid Breslev. Il étudie dans un Collel à Birya, une banlieue de Tsfat. Nous sommes devenus amis avec le temps. Un jour, il m’a proposé de venir étudier un peu dans son Collel.
Alors que nous étudiions, il vit que j’étais soucieux et m’en demanda la raison. Je lui ai alors confié tout ce qu’il s’était passé pendant Sim’hat Torah. Et je lui demandai, pour conclure : « Et toi qu’aurais-tu fait à ma place, tu serais resté comme tu es ou alors tu aurais franchi le pas et serais devenu un ‘hassid ‘Habad ? ». Il me répondit : « Si avant de faire Techouva, on m’avait parlé de ‘Habad, c’est ce que j’aurai choisi comme voie. Écoute, leur Rabbi est bien vivant, c’est le Machia’h. Si tu sens que tu es attiré par le Rabbi, alors va dans cette voie »…
Je suis rentré chez moi. C’était la fête de ‘Hanouka et les lumières brillaient dans le chandelier. Je demandai à mon épouse de venir s’asseoir, et là je lui racontai tout. Tout ce que j’avais vécu ces derniers mois. Elle me répondit : « Tu sais, ces premières années de mariage ont été difficiles pour moi spirituellement, toute cette haine contre ‘Habad, tout n’était que désordre et conflits. Mais maintenant que tu me révèles tout cela, je suis d’accord de « fonder un foyer » ‘Habad. Mais je te demande une chose… C’est de ne pas te laisser pousser la barbe comme eux.
LPSG : Pensiez-vous comme votre épouse ?
AH : Non, je pensais que je devais être entier dans ma décision. Et être un vrai ‘hassid ‘Habad, avec toutes les coutumes, y compris une barbe complète et sans retouche… Toujours est-il que nous avions pris la décision d’être, désormais une famille ‘Habad, il nous fallait des livres de ‘Hassidout. Nous sommes allés à la librairie ‘Habad de Tsfat pour acheter des livres. En regardant les étagères, je vis face à moi les célèbres Iguerot Kodech. Evidemment, je ne croyais pas du tout, à cette époque, en leur pouvoir prophétique. Mais poussé par la curiosité, j’ouvris l’un des volumes, « au hasard »…
Et là, je lus la lettre, c’était une lettre (datée du 3 Tamouz 5729-1969) adressée à une femme que le Rabbi bénit pour son mari qui s’est rapproché de la voie de ‘Habad, la Torah de vie… Par la suite il mentionne l’importance de la barbe, vêtement de D.ieu, et de ne pas empêcher la barbe de pousser… J’en eu la chair de poule. Immédiatement, je montrai la lettre à mon épouse. Elle me répondit : « Si le Rabbi a dit de te laisser pousser la barbe… Alors, allons-y pour la barbe ! ».
LPSG : Que s’est-il passé par la suite ?
AH : J’ai connu des moments un peu difficiles, les gens avaient du mal à comprendre cette transformation, mais j’étais de plus en plus joyeux. Ma famille s’est développée dans une ambiance ‘hassidique dans l’ambiance de la Guéoula par la puissance que m’avait insufflée le Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h.
LPSG : Rav Acher ‘Haviv, quelques mots de conclusion pour nos lecteurs ?
AH : Cette histoire est celle d’une délivrance personnelle. Il est une Mitsva de la diffuser au plus grand nombre comme le demande le Rabbi Chlita Méle’h HaMachia’h dans le Dvar Mal’hout de la Parachat Vayéchev, celui-là même qui parle de la France. Alors c’est selon l’effet de la Divine Providence qu’aujourd’hui cette histoire paraît en français, grâce à D.ieu.
(Propos recueillis par l’équipe du « Point sur la Guéoula ».
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