Résurrection en Inde…
Ran Israéloff est un Juif de Ramlé, son parcours est celui d’un enfant israélien classique. Un événement est pourtant venu percuter sa mémoire: la guerre du Golfe en 1991. Tout les samedis soirs, sur la première chaîne de la télévision israélienne, on montrait le Rabbi de Loubavitch, et le père de Ran lui avait dit : « Ce Rabbin n’est pas un Rabbin comme les autres. Il possède l’esprit saint, le Roua’h Hakodech, comme Moché Rabbénou, il prédit l’avenir… ».
Le Point sur la Guéoula : « Ran Israéloff, quand est-ce que vous avez réellement fait Techouva, comment s’est passé votre retour à la religion ?
Ran Israéloff : Après l’armée, en 2002, j’ai eu très envie de partir en Inde pour un voyage de quelques mois.
Au début, je suis parti à Goa, dans le sud. J’ai rencontré mon premier Beit ‘Habad à Puna avec son Chalia’h, le Rav Betsalel Kouptchik. C’était, je me souviens, à l’occasion de Chabbat HaGadol (avant Pessa’h). Je n’avais jamais vu de Beit ‘Habad, je ne savais même pas ce que c’était que ‘Habad…
On nous apporta des verres de vodka dans des verres en aluminium. On faisait Le’haïm, on entendait parler de l’anniversaire du Rabbi. On est resté une petite heure et c’est tout. Pour des jeunes voyageurs israéliens, sortant de l’armée, c’était déjà pas mal.
LPSG : Vous êtes resté longtemps à Puna ?
RI : Je suis rentré en Israël, après quelques semaines. J’ai travaillé pendant une année entière, j’ai mis l’argent nécessaire à mon voyage de côté et je suis reparti en Inde et ce système fonctionna pendant sept ans.
LPSG : Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette contrée ?
RI : Il y a quelque chose de très spécial en Inde. Quelque chose de spirituel, une sorte de méditation perpétuelle. Une vue, des paysages d’une extrême beauté. Un calme, une tranquillité ambiante, on vit une sérénité nouvelle. Très important pour un israélien toujours sur le qui-vive…
LPSG : Mais quand a eu lieu le grand changement, le grand mouvement qui a fait balancer votre vie ?
RI : A mon cinquième voyage, en 2005. J’étais avec un groupe d’amis israéliens que j’avais connus. En tout, une douzaine d’amis. C’était dans le nord, à Kasol. On avait rencontré les responsables du Beit ‘Habad, Dani Winderbaüm et Yoël Kapline.
On était souvent chez eux parce que cet endroit était rempli de globe-trotters israéliens. La gentillesse, l’hospitalité et le don de soi-même était impressionnants chez ces émissaires ‘Habad. Je participais déjà aux cours de Tanya, tous les jours. On avait des discussions sans fin, et même sans limite de temps. C’était hautement spirituel, voire divin…
LPSG : C’est par ces rencontres que vous êtes devenu ‘Habad ?
RI : Au début, j’avais trouvé des livres sur Breslev et je faisais tous les jours le Tikoun HaClali. Un jour, mon père me téléphona et m’annonca qu’il était à Ouman chez Rabbi Na’hman de Breslev et qu’il me ramenait de là-bas un livre du Tikoun HaClali. J’étais aux anges, comme on dit. Il m’envoya le précieux livre directement en Inde…
LPSG : Tout le monde ne recherchait pas qu’une belle vue à Kasol ?
RI : J’avais rencontré un ami, Assaf. Les israéliens venaient principalement à Kasol dans le but de toucher à toutes sortes de drogues, l’endroit était fait pour ça. Moi, je ne fumais même pas, les jeunes étaient vraiment étonnés de m’y rencontrer.
Le Beit ‘Habad avait ouvert un restaurant Cachère à Kasol. Il y avait Assaf et un ami à lui qui n’avaient plus d’argent pour rentrer en Israël. Le Beit ‘Habad leur avait alors proposé de travailler au restaurant, à condition qu’ils mettent les Téfilines et qu’ils étudient le Tanya tous les jours. Ils acceptèrent avec joie.
Je venais tous les jours au restaurant et on discutait, principalement de religion, de Judaïsme. On allait tous les jours au Mikvé. Il y avait là-bas une source d’eau chaude qui sortait des entrailles de la terre. C’était fortement impressionnant. Après, on allait au Beit ‘Habad et on priait. Et tous les jours j’allais discuter avec Assaf et son ami. Un jour, Assaf posa une question qui me perturbait depuis longtemps : « Pourquoi applique t-on la religion comme ça, comme des robots, sans aucun sentiments pour D.ieu ? ». Le lendemain, je rencontrai Dani qui me demanda : « Tu veux te joindre au cours de Tanya ? », et comme là-bas, on a réellement aucun souci, pas de pression, je lui ai tout de suite dit : « D’accord, quand ? », « 10h, ça te va ? », « Ok »… Et c’est là que le mouvement ascendant a réellement commencé à prendre forme.
On étudiait avec un groupe mixte, une introduction au Tanya, l’histoire de l’Admour Hazaken, puis le premier chapitre, le second et c’était parti… Un jour, Assaf me demanda si je faisais le Nétilat Yadaïm (lavage des mains) le matin. Je me mis à faire Nétilat Yadaïm au lever. Il me demanda si je jouais de la cithare pendant le Chabbat. J’arrêtai de jouer pendant Chabbat et ainsi de suite.
On venait au Beit ‘Habad tous les jours et surtout le Chabbat, l’ambiance était très intense. On fit connaissance avec le « Farbrenguen », la réunion ‘hassidique emplie d’histoires, d’enseignements, mais aussi de chants et de danses. « Tu es assis à la table de Chabbat et tu vois, face à toi, les montagnes de l’Himalaya toutes enneigées. et c’est féerique… ».
Il y a aussi ces allées et venues au Beit ‘Habad, on te propose une étude, alors tu t’assois et tu étudie en ‘Havrouta (par deux) ou en groupe. Ce sont des moments inoubliables de joie, de Elokout (de divinité). Une fois, on étudiait le Chaar Hay’houd VeHaémouna dans le Tanya, (porte de l’unicité et de la foi). Dani nous explique que D.ieu s’est contracté, voilé, et en fin de compte s’est installé dans le monde, avec nous, ici et maintenant. Et là, le déclic s’est opéré en moi. Tu penses tout le temps qu’il y a le monde et loin, au-dessus de nous, il y a D.ieu, le grand-patron qui surveille de loin. Et bien pas du tout. Il est entré dans le monde, Il est là, avec nous…
Ça a tout changé pour moi. C’était une nouvelle Torah pour moi, un monde nouveau. Le monde est fait des lettres des dix paroles de création… Elokout ! Nouveauté ! Tout est divinité, tout est D.ieu. C’était déclic sur déclic, de la pure folie, et comme cela, tous les jours.
LPSG : Et la connexion avec le Rabbi, c’était à ce moment-là ?
RI : Pas du tout, j’étais en train de me brancher sur le Tanya, pas encore sur le Rabbi… En fait, un an auparavant j’étais parti à Pushkar, et là-bas, tout est idolâtrie, mensonge, statues, impureté, débauche spirituelle… Je marchais dans les rues et soudain, je vis une photo géante du Rabbi avec la phrase : « Aucun Juif ne restera en Exil ! »…
Ce fut un réel choc, en Inde, sans aucun rapport avec quoi que ce soit, pas de repère connu, ce fut un flash de lumière dans l’obscurité… C’était le Beit ‘Habad de Rav Shimi Goldstein.
LPSG : Vous étiez habitué à ce genre de personnes, les ‘hassidim de ‘Habad ?
RI : J’ai commencé à comprendre qu’on avait affaire à une tout autre sorte d’êtres humains. En Israël, j’allais à des cours où l’on parlait des impies et de leur punition, l’enfer, le paradis. C’était très réducteur par rapport à l’enseignement du Tanya…
Puis on est partis en groupe, depuis Kasol, pour nous rendre dans les îles Andaman aux extrémités du pays. On avait pris avec nous des livres du Tanya, le ‘Hitat, des livres de prière.
On a fait un Minyan pour Chabbat sur ces îles, où aucun Juif croyant n’avait, sans doute, posé le pied… On a acheté des poissons, des légumes et on a fait les repas du Chabbat. Un ami, Ofer, lui aussi a commencé à faire sérieusement Techouva, il s’est attaché à la ‘Hassidout Breslev et, des îles, il est parti à Ouman.
LPSG : Quel a été votre parcours après tout cela ?
RI : Je suis rentré en Israël. Je suis retourné à mon travail. Je n’étais pas vraiment en contact avec ‘Habad. Certes je portais la Kippa, mais c’était à peu près le seul grand changement visible. Puis Dani, le Chalia’h de Kasol, est rentré en Israël, lui aussi, comme tous les six mois. Il a invité tout le groupe à faire Chabbat chez lui. C’était merveilleux. Puis, il nous a distribué le livret d’étude « Dvar Mal’hout ».
Et moi j’ai commencé à étudier très sérieusement le Rambam, ‘Houmach, le Tanya, la Guémara, les discours du Rabbi etc. C’était, pour moi, une révolution de l’esprit… Mais je ne savais toujours pas qui était le Rabbi, je ne connaissais même pas son nom.
LPSG : Quand est-ce que vous vous êtes marié ?
RI : En 2007, un mariage simple, Séfarade. Ma femme était religieuse, d’une famille Séfarade, ce n’est que par la suite, qu’elle est devenue ‘Habad. Après le mariage, on est parti en Amérique du Sud. On a fait tout le grand tour des états d’Amérique du Sud. Argentine, Mexique, Brésil pendant plusieurs mois. Puis on est arrivé dans un Beit ‘Habad du Sud de l’Argentine. J’ai dit à ma femme « On va se reposer ici, un peu ».
J’ai alors demandé au Chalia’h de convenir avec moi d’une étude tous les jours. Tout les matins on étudiait le Tanya. Puis ce fut la période du discours « Bati LeGani » avant le Youd Chevat (la Hilloula du Rabbi précédent). C’est là, que se fit la connexion avec le Rabbi réellement. Et là il me dit la phrase suivante : « D.ieu a voulu faire dans son monde, une demeure pour Lui, ici-bas… ». Je réagis immédiatement : « C’est impossible. C’est nous qui devons monter vers Lui et non Lui qui doit descendre vers nous ».
Et bien non, pas du tout, il avait raison et il cita les versets et me donna maintes preuves… Et d’un coup, comme une sorte de Jackpot, j’avais toutes les réponses, tout ce que je me demandais, en une seule phrase. Alors j’ai alerté ma femme et là, elle aussi a compris, et je lui ai dis : « je veux être ‘Habad… ».
LPSG : Quelle a été la suite de cette connexion ?
RI : On est rentré en Israël. J’ai demandé à un ami de me présenter un ‘hassid qui m’enseigne la ‘Hassidout. Un Juif du nom de Tomer s’est présenté et il n’a pas voulu m’enseigner la ‘Hassidout, il m’a tout simplement informé qu’on allait étudier les discours du Rabbi de 5751-5752 dénommés « Dvar Mal’hout ». Tout d’abord le Dvar Mal’hout Choftim qui annonce que le Rabbi est le Prophète de la génération et le Machia’h de la génération. Puis le Dvar Mal’hout ‘Hayé Sarah, sur le travail d’accueillir le Machia’h. Sur la Chli’hout, la Guéoula etc. J’étais totalement transformé. Je ne parlais que du Rabbi… Puis on a déménagé à Kiryat Yovel, et là j’ai rencontré celui qui m’enseigna la totalité du Dvar Mal’hout, le Rav Assi Studnits. Puis, on a déménagé à Guivat Morde’haï et là c’est moi qui ai enseigné le Dvar Mal’hout chaque semaine.
LPSG : Quand avez-vous eu un premier contact avec les Iguerot Kodech ?
RI : Alors que nous étions en Argentine, et que nous devions partir pour le Chili, le Chalia’h nous a demandé si l’on voulait écrire au Rabbi ? Je ne connaissais pas bien ce procédé, alors j’ai refusé. Il m’a dit qu’il allait écrire pour nous et qu’il nous transmettrait la réponse. Et c’est ce qu’il a fait. Il nous a alors annoncé « que vous connaissiez la réussite dans la Chli’hout ». Je n’ai au début pas compris à quoi il faisait allusion. Mais quand on est arrivé au Chili, on était au début à Santiago puis on est arrivé à Pucon. Là nous avons fait la connaissance d’un couple de Breslev qui tenait une « Maison Juive », sur le même principe qu’un Beit ‘Habad. Ils étaient très heureux de nous voir et ils nous ont demandé un service : « Ecoutez, on est là depuis un moment, on est fatigués. Vous pouvez nous remplacer pendant trois semaines ? ». On répondit : « Pourquoi pas ! ». Et là c’était la réponse du Rabbi, on était désormais en Chli’hout du jour au lendemain…
(Propos recueillis par l’équipe du Point sur la Guéoula)